Michel Barzin

Nageur en eaux claires, Michel Barzin suggère au promeneur soucieux de se hâter lentement, la fraîcheur d’un quotidien renouvelé. Dans l’école du village où la cour de récréation prend des allures de cloître, l’homme déjoue avec une énergie, un imaginaire et une liberté indéfectibles, le piège de la répétition, de l’installation ou de la soumission aux injonctions de la convention. Parce qu’accroché – et jusqu’au recueillement – aux flancs de sa colline ardennaise, il n’en est que plus réceptif à l’âme des choses, de la nature, des gens. Alors, c’est à bras le corps qu’il se donne à ces réalités inspirantes. La mise en chantier est jubilatoire ; la transformation une nécessité comme celle de pain ; les propositions de lecture, à l’aune des techniques utilisées, multiples. Une investigation poétique offerte à chacun.
— Albert Dumont 

“Barzin, c’est une autre gravure, c’est le mouvement dans la masse, le sang et la cendre. C’est un univers mat où brillent des souffles et des vents. Le mouvement dans la masse, disais-je. Des coureurs obliques, écartelés entre les musiques sous la baguette aveugle d’un joueur d’harmonica. Le mouvement figé, l’image d’un départ, d’un geste de départ, d’un instant à peine tracé. C’est un limaçon aux angles peu arrondis qui déroule sa lave lente vers d’inexorables couleurs. Barzin, c’est une sportive symphonie, avec ce qu’il faut de grenat dans la sueur et de syncope dans la mélopée. On y sent comme un calvaire masqué, tout habillé de blues qui déforme le geste ou l’accentue. .. . Les linos de Barzin dégraissent les goudrons pour leur donner l’ampleur des ors noirs. La matière la plus pauvre, chez lui, sert de creuset aux œuvres les plus riches. Barzin, c’est une idée toute relative de la vitesse. Ses cyclistes électriques ne s’occupent pas de l’ombre d’Einstein, ils sont comme un morceau de comète que l’on aurait gardée, intacte, entre ses rêves.”

— Joseph Orban

“Si l’art exprime l’art du temps, celui de Barzin est résolument et totalement contemporain. Malgré son évidente séduction, ce n’est pas un art facile : il ne se soucie ni de suivre, ni de flatter. Il se refuse à participer à la production bourdonnante de signes extérieurs de culture et s’adresse en particulier à chacun de nous, dans ce que nous avons de plus secrètement et de plus universellement blessé, dans les régions honteuses de notre âme bouleversée par la perte du monde. Barzin est de ceux qui ouvrent la voie. Il prend où il veut, dans ses souvenirs, dans son jardin, dans un prospectus de Ryanair, dans le fil des jours, les images-prétextes qui lui permettront d’interpeller le passant, avec ironie, avec douceur, mais toujours avec cruauté, sur le sens de son existence dans ce monde-là. Le plaisir de graver en prime.”

— Chiquet Mawet, Migraine, mi-raisin, 1999

“Lorsque j’étais enfant, je croyais que le Tour de France se courrait sur les frontières de la France, ces pointillés identifiés dans l’atlas. Je pensais ainsi que chaque année, les coureurs cyclistes re-découpaient le pays. Dans certains rêves, j’imaginais même que chaque trait de l’hexagone correspondait à un coureur vu d’avion, comme une colonie de fourmis tournant en rond. Aujourd’hui, lorsque je pense au tour, c’est plutôt en termes de circonvolutions : l’épreuve commence par un contre-la-montre qui entame la grande boucle, un cercle s’inscrivant dans un autre cercle, entamant à l’image de Sisyphe roulant son rocher, une progression qui consacre les épousailles de la télévision et du cyclisme. Les médias alors, chantent l’épopée, le paysage devient mythique et des coureurs signent les décors qu’ils traversent à la vitesse du paraphe. Ces images périphériques, encore faut-il les capter et comment s’y prendre autrement sinon à la vitesse du geste éclair de l’homme rusé qui possède plusieurs tours dans son sac.”

— Eddy Devolder, 1993

“Michel Barzin s’inspire du quotidien contemporain (e.a. le sport) qu’il décrit souvent avec ironie, en un langage graphique inventif. Bousculant la cohérence visuelle classique, ses compositions s’enrichissent des syncopes de l’image, de la confrontation de sujets hétérogènes, et tirent leur expressivité d’une juxtaposition de signes formels nerveusement inscrits selon les procédures de type abstrait. Abordant volontiers de grands formats et rompu aux secrets de toutes les techniques de l’estampe, l’artiste mélange souvent les procédés d’exécution. Il conjugue volontiers poésie et subversion, produisant des images narquoises, parfois grinçantes, grâce aux associations d’objets ou de personnages qu’il dessine ou grave.”

— Serge Goyens de Heusch, XXè siècle. L’Art en Wallonie. Ed. Dexia, 2001

Repères biographiques

Michel Barzin – 4910 Theux – Belgique
Site : www.michelbarzin.be (site officiel)

  • Études de dessin et gravure aux académies de Bruxelles, Boisfort et Liège.
  • Élève de Claude Lyr, Henri Brasseur, Georges Comhaire, Dacos et Robert Kayser.
  • Professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Verviers, à l’Académie Internationale d’été de Wallonie, aux Ateliers d’Art Contemporain.
  • Conférencier à l’ENSAV La Cambre (2002-2003), Académie Royale des Beaux-Atrs de Liège (2012) et à Saint Luc- Liège (2011- 2014)
  • Organisateur des triennales internationales de gravure de Spa, 1983-1986.
  • Fondateur des associations Silence, les Dunes ! (1989), Dialogue gravé (1983), Cuivre-à-Cœur (1982).
  • Membre permanent de la Poupée d’Encre depuis 1978, de la Biennale Internationale de gravure contemporaine et de l’atelier Raz Kas de 2002 à 2009.
  • Membre du Conseil culturel de l’AKDT.

Expositions personnelles et collectives de ces 10 dernières années

2006

  • « Acquisitions des Chiroux » Musée d’Ansembourg, Liège
  • « Art without bars », Porte de Hal, Bruxelles
  • « Artistes dans la ville », Arlon
  • « Films d’artistes », MAMAC, Liège
  • « Graffittis », Tour Napoléon, Ostende
  • « Koers/course », De Markten, Bruxelles
  • « Cinq artistes belges », Galeria Dasto, Oviedo (Espagne)
  • « Lilla Europa 2006», Hallsberg and Örebo (Suède)
  • « Incidentes sin importancia », Galeria AP, Universidad Veracruzana (Mexique)
  • « Anecdotiques», Galerie Arte Coppo, Verviers

2007

  • Musée national du Congo, Kinshasa ( Congo)
  • « Mots », Office des Métiers d’art – Liège
  • « Sangisa-Sangisa », Salle 7 Liège ; Académie de Tournai
  • « Une gravure sous le sapin « ,  galerie du Churchill
  • Biennale de gravure de Trois-Rivières (Canada)

2008

  • Galerie de Wégimont, Soumagne
  • « Dessins », Centre Wallonie-Bruxelles, Paris (France)
  • «  Graveurs belges », Graficki Kolektiv, Belgrade, (Serbie)
  • « Frontière », installation et vidéo («  Comment poussent les cacahuètes ? », Kukuk, Eupen
  • « Belgian cloud meets Ayers Rock », Umbrella studio, Townsville (Australie)
  • «  Flying pigs », Ellen Quinn Gallery, Ipswich, (Australie)
  • « Druckkunst grenzlos », Ziegelhütte, Landesmuseum, Darmstadt (Allemagne)
  • « Comment poussent les cacahuètes ? », projection, Université de Trois-Rivières (Canada)

2009

  • « Parallèles 22° sud – 50° nord » Musée des Beaux-Arts, Verviers
  • « Mobil’art » , Liège
  • « Parallèles 22° sud – 50° nord » Musée des Beaux-Arts, Campinas (Brésil)
  • « Sport » TDM, Riaillé (France)
  • « Cinq ateliers » Ced, Liège
  • « Festival de films de Michel Barzin » Aquilone, Liège

2010

  • « Razkas » édition de deux gravures, Bruxelles

2011

  • Bibliothèque d’Alexandrie (Egypte)
  • « Pas si bête » TDM (France)
  • « Palimpseste » Musée d’Ansembourg, Liège
  • « Ballade à quatre voix » Salle 7 , Académie Royale des Beaux-Arts, Liège
  • Triennale internationale de gravure de Belgrade (Serbie)
  • Galerie « Paul Dumont », Bruxelles
  • « Les dents de l’ogre », autour de l’œuvre de pascaline Wollast, Bruxelles
  • « 1m2 », Metz ( France), travail in situ
  • Colonie d’artistes, Visegrad, Bosnie, travail en résidence
  • Centre Masereel, résidence, Kasterlee
  • Résidence, village d’artistes, Guanlan (Chine)

2012

  • « Présent! » 300e anniversaire de l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, De Markten, Bruxelles
  • Acquisitions de la province, Centre culturel de Spa
  • Colonie de Sicevo, Serbie – résidence
  • « L’été des cabanons », Draguignan , Var, France
  • 50e anniversaire de l’AIEW (AKDT), Ath, Arlon, Saint Hubert
  • 1m2, Galerie Nü Kozä,Dijon, France
  • « Effet bœuf » CC Soignies
  • « La peau d’Eric Ledune » Installation à la piscine publique de Mouscron avec Sylvain Bayart
  • First Lingshi International print Biennial, Chine

2013

  • Galerie des Beaux Arts, Nis, Serbie
  • « Objet : ressemblance et détournement », art numérique, Biectr, Canada
  • « Naufrage» Biennale Internationale de gravure de Trois Rivières, Canada
  • Projection de films au « Colloque Imaginarium » et à la Biennale de Trois-Rivières, Canada
  • « Lèche vitrine », Métiers d’art, Liège
  • Biennale Internationale de Guanlan, Chine
  • « Vols » Galerie Juvénal, Huy
  • Triennale de gravure de Toulouse

2014

  • 1st Jogja miniprint biennale, Jogiyakarta, Indonésie
  • Triennale internationale de gravure de Belgrade, Serbie
  • De Markten, Bruxelles
  • « Dialogue gravé : Viet Nam- Belgium », Musée des Beaux-arts, Verviers
  • Petits formats, Nismes, ULB, Bruxelles
  • Centre culturel, Nismes

2015

  • Viet Nam- Belgium, Musée des Beaux-Arts, Hanoï, Viet Nam
  • Galerie Albert Dumont, Bruxelles,
  • Fondazione G. Whitaker, Palerme, Italie
  • La Poupée d’encre s’expose, Métiers d’Art, Liège
  • Altes Amt, Schönecken, Deutchland

A venir en 2016

  • Château des arts, Nis, Serbie

Prix ou distinctions

  • Prix Van Haelen (dessin) 1971
  • Prix Créativité 75, Huy 1975
  • Prix Goebel-Fuerison (gravure) 1978
  • Grand Prix quinquennal de la Ville de Liège (gravure) 1978
  • Prix de la Paix (dessin), Mons, 1979
  • Prix du Millénaire de la Principauté de Liège (gravure) 1980
  • Prix des Jeunes Talents de la Province de Liège (1981)
  • Certificat d’excellence Small Works ART Horizons – New-York USA 1988
  • Médaille au salon Ulupuds (illustration), Belgrade, 1992
  • Nominé à la Biennale internationale de Maastricht, 1993
  • Lauréat du concours “ Œuvre publique ” pour le Hall Omnisports de Wegnez, 1993
  • Print Prize, Biennale de Guanlan, 2013

Œuvres dans les collections publiques

Cabinet des Estampes et des Dessins de la Ville de Liège, Centre de la Gravure et de l’Image imprimée de La Louvière, Chalcographie de Bruxelles, Communauté française de Belgique, État belge, Province de Liège, Banque Dexia, Bibliothèque Royale de Belgique, Bibliothèques des Chiroux, de Theux, de Montréal, d’Alexandrie, Musée royal de Mariemont, Musées de Cracovie, Katowice, Bormio, Colonie Markovac, Uzice, Asilah, Belgrade, Milan, Collections communales de Theux, Cul-des-Sarts, Université de Trois-Rivières, Ville de Metz, International Printmaking Base, Guanlan, Chine, First Lingshi International Print Biennial, Chine

ARTISTE

Michel Barzin

DATE

2014-2015

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