Annette JAUMOTTE, peintures
« Dans sa quête d’énergie et de force intérieure, Annette Jaumotte ne peut limiter son regard à ce qui se donne à voir. C’est qu’elle destine sa peinture à tout qui chercherait une espèce d’au-delà. Aussi la base de son travail réside-t-elle dans l’appropriation de son environnement. Sans intention de reproduire ou, pire, de dénaturer, elle avance, bien au contraire, avec le désir d’aller au cœur, toujours complexe et ô combien personnel, des choses.
Cette imprégnation, par approches successives et contacts multiples prend du temps. Le temps de conduire Annette Jaumotte jusqu’à oser le trait pour traduire cette réalité autre. Seul l’état de confiance avec elle-même et de plénitude l’autorise à risquer cette nouvelle naissance. Car « Il faut voir la nature comme si personne ne l’avait vue avant vous » (Paul Cézanne).
De ses randonnées, parfois longues, autour d’un même terril ou après des séjours en Auvergne, voire en Asie, Annette Jaumotte rentre chez elle avec les atmosphères glanées. Mais aussi avec des croquis rapides, des aquarelles, des traces-éléments, des « je-ne-sais-quoi ou presque rien » de l’instant qui graveront peut-être une matrice pour le travail en atelier. Solitude, échanges, joie de l’esprit, accompagnent alors l’action de peindre selon son répertoire de formes.
A l’évidence la composition, telle celle d’un ouvrage d’art à construire, est primordiale. Le rythme entre masses – sans la moindre lourdeur – et zones plus discrètes conduira l’œil malgré lui d’un lieu à un autre ; les avant-plans valoriseront, comme par un beau ciel d’orage, la lumière qui sourd de plus loin et inversement telles des voiles transparents, des superpositions amplifieront l’espace ; à l’écart de toute complaisance, la cohérence chromatique servira de liaison au façonnage de l’ensemble : ici un contrepoint décidé, là ne touche échappée au recouvrement, ailleurs encore et tableau à elle seule, une petite synthèse de la carte chromatique ; la vigueur des traits, souvent larges et sans aucune préciosité diront à tout qui en douterait, l’authenticité de l’engagement et l’effacement de la peintre au seul bénéfice du devenir du tableau.
Pareille osmose entre le cœur, l’esprit et le réel est le sens même de la recherche d’Annette Jaumotte. Adossée à la vie qui l’entoure, elle n’a d’autre nécessité que de la prolonger par la dynamique d’une forme nouvelle.
Sophie LAURENTY, sculptures
Sophie Laurenty est généreuse, dans la vie et en art. Totalement investie dans l’observation des personnes qu’elle rencontre, elle en traite en sculpture presqu’exclusivement leur visage, soucieuse d’en extraire une identité autrement plus juste que la simple restitution d’une image.
Tout à la fois petites et monumentales, ces têtes naissent au creux de ses mains. A l’écart de toute démonstration elle privilégie la réserve et la discrétion. Par pressions successives, par ajouts subtils de matière, par ajustements, elle ose le risque de la cohabitation de l’unité et de la fragmentation. Coexistence d’une surface brisée et d’une intériorité au service d’une âme figurée.
Mais Sophie Laurenty s’interdit de tout décider. Elle tient à accorder à la glaise la liberté de sa constitution. Au feu de la cuisson, surgiront différentes colorations pour une même pièce, autant de variations et d’inconnues reçues avec joie et gratitude.
La démarche de Sophie Laurenty se fonde donc sur une relation triangulaire : l’observation de l’autre, l’observation d’elle-même, le respect de l’élément naturel. En résulte une œuvre qui, par symbiose, touche à l’être.