colette b.
colette b. consacre son travail à la peinture, la couleur et la forme, elle présente ses œuvres dans divers lieux d’exposition depuis le début des années 1980. Elle vit et travaille en Suisse.
Laver l’obscur
A première vue, on pourrait croire que le chaos est ordonné, que des béances sont comblées, et que le calme règne. Il y a un équilibre solide, construit, une force gouvernée.
Mais toute sérénité est patiemment conquise, toute clarté se gagne sur les remous, l’opacité, le doute. Ainsi, peu à peu, les couleurs vont monter à la surface, légères comme délivrées de leur gangue. Elles ne triomphent pas, mais éclosent telle une fleur se hissant hors de l’étang troublé. C’est alors que le rouge s’impose et vibre, que le jaune éclate de bonheur, que le bleu se pare d’une robe de frissons.
Jacques Vilet
Né à Tournai (Belgique) en 1940. Photographe autodidacte – Ingénieur commercial, Université de Bruxelles (1961).
A enseigné la photographie à l’ERG-Isalp, Bruxelles, de 1981 à 2003 – Membre de l’Académie royale de Belgique.
La forme du monde
Le paysage photographique me surprend toujours quand il m’apporte son silence, sa profondeur. En lui se trouve mon principal sujet de travail, de réflexion, de méditation. La photographie, par son réalisme intrinsèque, nous fait forcément passer par l’aspect extérieur du monde. Mais elle peut aussi nous faire connaître l’intérieur des choses, et l’intérieur de nous-mêmes. J’ai réalisé des paysages et aussi d’autres propos : personnages, objets,… dont je suis satisfait. C’est mon entrée dans le paysage qui m’a occupé le plus longtemps.
La première fois que j’ai abordé le paysage, il m’a fallu un appui pour me rassurer : le cadre des fenêtres d’une maison délabrée dans lequel semblaient déferler les feuillages exubérants d’un riche jardin abandonné. Ensuite, comme si j’avais franchi le seuil de ces fenêtres, j’ai osé photographier la forêt voisine de chez moi, tout en y pourchassant d’aveuglants stéréotypes. Puis la campagne de ma région, que je croyais banale. Je l’ai parcourue avec une idée de cadrage assez précise, aménageant les divers plans et éléments par la recherche d’un point de vue approprié. Plus récemment, c’est la nature qui, d’elle-même, est venue à moi,: dans le site que je visitais – et où je suis retourné plusieurs années de suite – je recevais le paysage comme si je l’avais observé par une longue-vue et que je prélevais les images toutes faites qui se présentaient.
Le pays en soi n’a pas de sens. C’est le paysage qui reçoit un sens, par le regard de quelqu’un. Le paysage révèle une forme, ou se fonde sur une référence, ou est animé par la quête – ou le rejet – de symboles… Personnellement, j’en suis venu à reconnaître une valeur de symbole à certains éléments de mes photos. Mes paysages sont plus souvent des métaphores que des descriptions. Ce n’est pas moi qui livrerai ma clef. En art, il n’est pas nécessaire de tout comprendre complètement.
Il m’est arrivé, sur certains sites, d’ajouter ou de déplacer un élément, de transgresser par là l’idée de témoignage objectif. La sensation qui en a découlé, je l’ai retrouvée lorsque j’ai, à l’occasion, photographié des objets sur la table de mon studio. J’ai trouvé qu’il n’y a pas toujours une très grande différence entre le paysage et la nature-morte, et même le portrait ; et que ce qui fait la ressemblance, c’est le regard… [Jacques Vilet]
Ces photographies sont la trace de la vie d’un homme.
Juste l’héroïsme du quotidien : savoir que la vie se goûte avec sensualité, que chaque instant est irremplaçable.
Être le témoin de l’existence de quelqu’un. Rappeler que la vie se vit à chaque instant.
[Daniel Desmedt]
ARTISTES
colette b., peinture
Jacques Vilet, photographies