A chacun sa promenade : Pierre Clemens, André Dael, Simo Nedovic

Pierre Clemens

Ecrire à propos de son travail n’est pas chose aisée. Non seulement car on ne connait pas les tenants et les aboutissants de sa démarche, car on ne maitrise pas de manière mécanique son projet d’artiste et intrinsèquement son projet de vie. Une démarche projetée comme un plan préétabli, a toutes les chances de l’artificialité et donc de l’imposture.

On peut donc en dessiner les contours approximatifs. Contours volontaires et assumés, qui peuvent pourtant se révéler assez rapidement et malgré tout, une fausse route.

Autre problématique à l’explication d’une démarche : Comme en physique quantique où les conditions d’observation changent l’analyse de ce qui est observé, analyser et présenter son propre travail, peut-en changer la nature même. Car se révéler son œuvre et en comprendre les tenants et les aboutissant, en change de facto la nature. On se retrouve donc dans une situation saugrenue de l’explication qui change la nature de ce qu’elle voulait expliquer. Paradoxe du texte d’artiste à propos de son travail. Il est fuyant par nature.

Je pourrais donc simplement en décrire les prémisses, ici venus d’une rue d’Athènes en 1995, où, au hasard d’une déambulation dans la capitale grecque (qui me servit de lieu de vie durant cinq mois), je découvris une montagne de plans d’architectures des années 1950 et 1960. Une révélation qui fut pour moi le moteur d’une libération de contraintes plastiques, à base de palimpsestes architecturaux. Le travail présenté durant cette exposition en est la continuité puisqu’elle procède de cette énergie primale.

Pierre Clemens, mars 2024

 

Eléments biographiques

1991 – Espace du congrès, Marly-Le-Roy, Paris.
1994 – Centre Georges Pompidou, Paris France, Créer d’après la ville
1996 – Maison de l’art actuel des Chartreux – MAAC, Bruxelles.
1997 – MACC. Avec Anne De Roo, Bruxelles.
1999 – Free Space, NICC, Anvers.
1999 – 30 minutes d’art contemporain, Bruxelles.
2000 – Galerie B-3124, Montréal Canada.
2000 – Argos, Telenicc, Bruxelles.
2000 – Prix de Tournai.
2001 – GPOA Chateau Malou, Bruxelles.
2004 – Galerie Détour, Namur.
2009 – Videoformes, Clermond-Ferrand, France.
2009 – Last day of magic, Biennale de Venise Official Off, Italie.
2014 – Synapses, Galerie Nadine Feront, Duo avec Gérald Dederen, Bruxelles.
2015 – Levity, Galerie Nadine Feront, Bruxelles.
2016 – Code name, Galerie Nadine Feront, Bruxelles.
2019 – 51e Ronse Drawing Prize.
2019 – Aperture, GNF Gallery, duo avec Elina Salminen, Bruxelles.
2022 – Galerie Détour, Namur.

 

 

André Dael

Eléments de biographie…

Né à Polleur (Verviers), en 1951, André Dael vit et travaille à Liège. Après des Humanités artistiques effectuées à Saint-Luc, Liège, ainsi que des cours suivis à l’Académie des Beaux-Arts de Verviers, il s’oriente essentiellement, dès la fin des années ‘60, vers le travail sur papier, avec de nombreuses expositions à Verviers, Liège, Bruxelles, Aix-la-Chapelle, Krefeld, Nuremberg, Brandon (Manitoba, Canada),…

Suite à divers longs séjours à l’étranger (Finlande, Mexique, Etats-Unis), il finit par se fixer à Bruxelles en 1977 et débute des activités en tant que graphiste indépendant. En 1980, sa carrière a complètement bifurqué, se portant alors vers des activités musicales. Il ouvre, près de la place Saint-Géry à Bruxelles, un club de jazz, le Bloomdido, qui a acquis une notoriété certaine bien au-delà de nos frontières. Cette aventure, parenthèse extrêmement enrichissante dans son parcours, s’est achevée en juin 1984.

Dès cette date, il réalise un nombre très important d’affiches pour l’Ancienne Belgique, le Botanique, le Beursschouwburg, les Halles de Schaerbeek, le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, ainsi que pour de nombreux festivals de musique. De nombreuses brochures et publications également pour la Cellule Patrimoine historique de la Ville de Bruxelles, ainsi que diverses présentations d’exposition et couvertures de disques pour les labels Igloo, Carbon 7 et EMI.

De 1999 à 2005, réalise le magazine Eurofilmfest pour la Coordination européenne des festivals de cinéma. OEuvre parallèlement comme conseiller à la programmation pour plusieurs salles bruxelloises dans le cadre des musiques extra-européennes. Suivront 15 années de travail graphique dans la presse.

Il ne reprendra ses activités purement artistiques qu’en 2008, conservant toujours une prédilection pour l’encre et le papier et travaillant à la plume sur des séries traitant essentiellement du paysage et découpées en fragments selon une technique d’écriture devant beaucoup à l’improvisation. Il centre ses recherches sur les rapports entre microcosme et macrocosme. Il oeuvre également sur l’inclusion du temps dans des portions d’espace et sur la multiplicité des parcours de lecture selon un principe de déambulation où la position du regardeur occupe une place importante.

… et textes critiques

“Ancrée dans le dessin, la pratique de l’artiste belge André Dael oscille entre abstraction et figuration et interroge notre perception du réel. Improvisation et rigueur caractérisent sa démarche. Ses hachures à l’encre de Chine d’une finesse arachnéenne envahissent la page et se déclinent en un camaïeu de gris parfois légèrement rehaussé d’un voile de couleur.

Au fil des traits, avec une extrême minutie, des heures durant, il trace sur papier, à l’intuition, un entrelacs de lignes aux contrastes subtils dont il module l’intensité et la luminosité pour faire émerger des paysages et des territoires imaginaires. L’œil se promène librement, tâtonne et décèle des éléments topographiques (horizons, sentiers, rangées d’arbres…) qui semblent figés dans un état intermédiaire, comme s’ils étaient sur le point de surgir ou de s’effacer…

La problématique du temps mais aussi les allers-retours entre l’infiniment petit et l’infiniment grand traversent son œuvre. Il s’approprie le conseil qu’Ingres prodigua en son temps à Degas: “faites des lignes, jeune homme, beaucoup de lignes, d’après nature et de mémoire.” [Zoé Schreiber] ”

 

“Le trait court, rapide et précis, va s’emparer de tout le support. De son savant coup de plume, André Dael prendra le temps qu’il faudra afin d’élaborer cette merveille d’équilibre fixée entre la blancheur du papier vierge et l’encre noire encore insondable. Au premier regard, le papier semble rempli de toiles d’araignées. André Dael a tissé minutieusement sa toile. Au milieu de ces accumulations de lignes, souvent, des réserves, des zones “blanches“ distillent la respiration nécessaire à l’ensemble de la composition. L’air circulera mieux. C’est un air bien frais. Un air rassurant qui stimule l’appréhension. Tout cela est bien posé. Et voilà, que le paysage apparaît enfin… Vaporeux ! Flottant ! Éthéré ! Unique ! L’œuvre est parfaitement maîtrisée.

Le travail se fait lentement et avec beaucoup d’intelligence. Ici, on ne se moque pas du monde. André Dael nous offre un vrai voyage. Nous parcourons d’étranges chemins à travers les plaines et les bois. Nous contemplons des montagnes riches d’une multitude de strates. Toutes ces strates, toutes ces superpositions de traits, ce sont les mémoires d’André Dael. La tradition des paysages flamands est là, toute entière. Dael connaît bien la peinture ancienne et surtout celle des Flandres. Lorsqu’on s’approche, le papier semble envahi d’une écriture cursive à la signification mystérieuse. On pense alors aux écritures de Michaux. On pense à certains artistes de l’art brut qui griffonnaient des feuilles tout entières pour donner vie à leurs désirs. Les feuilles pleines de signes peuvent, également, évoquer les remplissages d’une Vieira Da Silva. On peut penser aussi aux répétitions chiffrées et temporelles de Roman Opalka… Certains connaisseurs, en regardant toutes ces lignes arachnéennes penseront aux bobines de fils et aux ficelles contemporaines de l’Argentin Tomas Saraceno ou à celles de la japonaise Chiharu Shiota. Mais avec André Dael, pas de gigantisme , pas d’installation monumentale et sensationnelle, pas de “amazing” sur Instagram … Non, ici, c’est du petit papier , tout simplement , des petites feuilles de papier bien remplies qui font un peu penser à celles d’un Rembrandt ou d’un Dürer et plus près de nous d’un Bresdin. Ce n’est pas si mal …Alors, il faut faire l’effort de regarder le petit, le discret. Et de ce minuscule trait, prend forme un univers tout entier. Magnitudo Parvi !” [Lilian Euzéby]

 

Simo Nedovic

Etudes : Master en Design graphique, art commercial et imagerie à la KASK et Conservatoire / Hogent à Gand et Howest à Bruges – Juin 2023

Titulaire d’un master en graphisme et passionné d’histoire et d’écriture, Simo Nedovic est un professionnel créatif, avec un réel intérêt pour les médias sociaux et la diversité culturelle.

Son profil LinkedIn : ICI

 

ARTISTES

Pierre Clemens, André Dael, Simo Nedovic

DATE

29/3 > 27/4

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