De Bodt – Huon – Valkenborgh

Hilde De Bodt

Ou l’Histoire de Tarlatan… (*) qui commence il y a quelques années avec un petit bout de ce tissu utilisé en gravure pour encrer les plaques de zinc ou de cuivre. La structure géométrique et la texture assez raide de cette étoffe, contrairement à l’idée reçue, n’est pas en carré mais en rectangle. Cette donnée intrigue Hilde De Bodt, et devient le point de départ d’une recherche visant à trouver « le plus-petit-carré-possible » dans la trame de cette étoffe.

L’analyse de la structure ou si l’on préfère du dessin du tissage, amène Hilde De Bodt à extraire ici un fil de chaîne, là un fil de trame. Un même acte dans un sens ou dans l’autre en donne deux résultats différents : la première « dessine » une fine ligne blanche dans le tissu ; la seconde épaissit la ligne. Une autre structure se construit.

Le travail bidimensionnel avec la tarlatane s’est développé ensuite à des structures géométriques présentes dans des supports /objets trouvés comme des cartons d’emballage. Dans un premier temps, Hilde De Bodt recherche des codes intrinsèques et mathématiques inhérents à l’organisation des structures géométriques de ces cartons. Le travail se poursuit alors par l’élaboration de constructions en trois dimensions et la démultiplication des espaces, des angles de vue et donc des rythmes.

(*) « Histoire de Tarlatan ». Editions TANDEM, 2017

François Huon

François Huon, artiste belge, sculpteur, peintre, graphiste est né le 22.10.1964 à la rue Jean Jaurès à Bois-Colombes (F). En 1989, il sort diplômé avec la plus grande distinction de l’atelier de communication graphique (La Cambre Bruxelles) dirigé par Luc Van Malderen. Il est actuellement Professeur de Pratiques Expérimentales à l’Ecole des Arts de Braine-l’Alleud (B). Son atelier est là où il vit, dans l’ouest du Brabant wallon.

La démarche : Le sculpteur belge François Huon continue ses recherches visant à construire un langage plastique à travers l’articulation d’éléments assemblés dans un système qui a la légèreté du jeu, mais qui nécessite une conception rigoureuse et une extrême précision. Étant donné le carré, une forme géométrique simple, l’artiste intervient par une division en deux puis par une composition des éléments entraînant une complexification visuelle où les données initiales disparaissent dans une prolifération de lignes et d’harmonies qui se constituent en objets ou façonnent l’espace.

Pour commencer son parcours de recherche artistique, François Huon a élaboré ce système de création pour établir un grand nombre de formes qu’on pourrait appeler alphabet graphique ouvert (parce que de nouvelles formes apparaissent régulièrement). Dans un second temps, il a commencé à composer des œuvres en combinant ces formes et en faisant varier leurs couleurs, leurs dimensions, leurs modes d’assemblage. Cette démarche l’a amené à participer à de nombreuses expositions et à créer des œuvres en relation avec des contextes variés, sociaux ou historiques, sous forme d’interventions éphémères ou d’intégrations artistiques durables en Belgique et à l’étranger (France, Italie, Royaume-Uni, Grèce, Maroc, Luxembourg).

Expos (quasi) personnelles depuis 2017

  • 2017 – Bergamo (It), Studio Vanna Casati • Hierges (Fr), Dans la tour médiévale du château (Org. Galerie des Collines, Vaucelles)
  • 2020 – Bruxelles, Galerie Albert Dumont: Luc Etienne / François Huon

Expos (plutôt) collectives depuis 2017

  • 2017 – Ile de Tinos, Cyclades (GR): biennale d’art urbain, Le Labyrinthe • Ixelles (B) : Galerie Peinture fraiche: la géométrie non-euclidienne
  • 2018 – Bruxelles (B), Galerie M. Ehmer : Labyrinthe, biennale de Tinos (Gr), curatrice : Mireille Liénard • Huy (B), Biennale d’art urbain, Dédale • Tournai (B), Art dans la ville, Saint Piat : IN FILUM • Casablanca, Rabat (Mc), Art & Math
  • 2019 – Saint-Gilles, Bruxelles: Subcinctus • 2019 Xhignesse (B), église saint Pierre, Le Voyage à Xhignesse (org. Lieux-Communs)
  • 2020 – Xhignesse (B): diptyques, Eglise saint Pierre, Le Voyage à Xhignesse (org. Lieux-Communs)
  • 2021 – Ouest du Brabant wallon (B): Kunsten Bois des Arts, 6 oeuvres dans 6 communes • Woluwé-Saint-Lambert (Burxelles), NOVATION, installation art urbain (org. Lieux-Communs) • Gare de Luxembourg-ville (L): résidence internationale «Gare art Festival»
  • 2022 – Tournai (B): MuFlm, BORDER, triennale d’Art Contemporain
  • 2023 – Tamines (B): Académie des Beaux-Arts, exposition des professeurs de l’école des arts de Braine-l’Alleud • Xhignesse (B): diptyques, Eglise saint Pierre, Le Voyage à Xhignesse (org. Lieux-Communs) • Wavre (B), chateau de l’Ermitage: Le temps comme une fontaine, aperçu de la collection de la province du Brabant Wallon; curateur: Dominiq Fournal
  • 2024 – Ferrara (It): Galleria del Carbone: 30 ans d’échanges artistiques Italo/Belge (Galerie Koma)

Intégrations artistiques publiques    

  • 2000 – Calepinage du sol de l’espace culturel provincial du Hainaut, La Hestre
  • 2007-2008 – Halls, parkings du médiateur et service social de la Région wallonne à Namur
  • 2011 – Murs intérieurs du tribunal de la jeunesse à Nivelles (Brabant Wallon)
  • 2013 – Peinture murale à Antoing (Hainaut occidental)
  • 2014 – Peinture murale commémorative des valeurs nées du conflit 14-18, Braine-l’Alleud
  • 2018 – Peinture murale (170 m²) sur le mur circulaire du rond-point TGV à l’entrée de Tubize
  • 2021-2022 : Peintures murales sur et dans le bâtiment du Centre Culturel & Sportif d’Eghezée

Anne Valkenborgh

La démarche

Anne Valkenborgh a d’abord présenté des gravures d’une rigoureuse abstraction. Dans sa production plus récente, elle transforme une trame figurative, fournie par des herbes provenant de lieux en marge (talus, fossés, friches, sous-bois non entretenus). Par un travail affranchi des codes de la représentation, elle souligne, – ou fait naître –, des beautés de forme et de composition. La trame initiale est un tremplin. La tension entre cette trame, telle qu’apparaissant dans la perception courante, et les transformations apportées introduit dans l’œuvre, de l’étrangeté, de l’ambiguïté, du mystère.

Les techniques utilisées pour dessiner manuellement, en creux, le cuivre qui servira à l’impression des gravures (la « manière noire » , d’une part, et, d’autre part, la combinaison «vernis mou » , pour les traits, et « aquatinte », pour les aplats ) permettent de jouer de toutes les nuances de ton entre la couleur du papier et celle de l’encre. La graveuse peut se servira de cette gamme de valeurs, pratiquement illimitée, pour distribuer, à sa guise, la lumière dans son dessin. Elle pourra ainsi créer des effets de profondeur, marquer des éclats, renforcer des ombres, souligner des formes, en estomper, voire en occulter, d’autres,…

L’artiste opère aussi sur les formes, souvent longilignes (tiges et feuilles), sur leur orientation, leurs changements de direction et leurs rapports avec les formes proches (faisceaux, touffes,…) ou plus lointaines (rythmes). Elle apparie ou oppose, joint ou sépare en jouant sur les nuances de ton. Elle élimine ou ajoute. Elle resserre la focale ou l’élargit. Elle conserve l’assiette originelle ou opère des rotations. Elle fait vivre l’image par la création ou l’amplification de contrastes qui activent des oppositions comme celles du touffu au rangé, du rigide au souple, du tendu au lâche ou encore du purement naturel à l’apparemment fabriqué.

Dans son travail, Anne Valkenborgh recherche avant tout un aboutissement plastique. Ses gravures n’imposent pas une lecture univoque. Rendues énigmatiques par l’hybridité de leur constitution, elles gagnent à être abordées selon diverses perspectives, comme si l’on visitait un jardin paysager. On pourrait songer à faire la part de ce qui relève de l’inventivité de la nature et de ce qui est dû à la créativité artistique. Cela serait périlleux, car si, dans telle gravure, des fouillis vont de pair avec une forte armature rythmique, on ne peut, sans plus, attribuer le désordre à la nature et le tempo à l’artiste. Dans le fond, c’est comme lorsqu’on frotte des silex : l’étincelle vaut autant, sinon mieux, que les cailloux dont elle jaillit. Ainsi la cadence souligne-t-elle l’exubérance même qui lui échappe ; le rectiligne, fait-il ressortir l’ondulant,…

On peut lire les gravures présentées, en fonction des oppositions déjà relevées, – ou selon d’autres encore – en privilégiant l’un ou l’autre pôle et en guettant les effets de choc que provoque la mise en rapport de ceux-ci.

Une trouée sombre, des sortes de barres torses, éparses, maigres et rares, accrochées par une lumière indigente, le tout se perdant dans des ténèbres sans fond : ce motif se retrouve dans plusieurs des gravures exposées. C’est par lui, souvent, que la profondeur se déploie et que le mystère s’introduit. Quelle signification accorder à ces passages au noir ? Simples voies animalières ? Abris ? Repaires ? Images de la vie ? Nul ne répondra que le spectateur et sa réponse ne vaudra que pour lui.

Par leur complexité, les gravures de Anne Valkenborgh offrent au regard de multiples possibilités de balade.

Son parcours

Diplômée en gravure de l’Ecole nationale des arts visuels de la Cambre en 1989, graveuse et, depuis 1994, professeure de gravure à Bruxelles (ESA Saint Luc et ERG). Anne Valkenborgh poursuit, depuis 1983, un travail artistique personnel.

Prix de la gravure à Braine-l’Alleud (1985) et à Limal (1989), elle a été sélectionnée à la Biennale du Centre de la Gravure et de l’Image Imprimée (1989), à la Médiatine (1990 où elle a reçu le prix de la gravure, et (1993), à plusieurs éditions de Mini Print à Cadaquès, à Gravure… l’art sur papier (1991), à la Biennale de Maastricht (1993), à la Biennale Petit  format de Lódź en Pologne (diverses reprises) où elle a  été primée en 2008 et 2020, au prix de la gravure à Malines en 2011, à la biennale de la gravure de Liège en 2017, au prix Carcan en 2018, à 0 LA Xu Yuan International Print Biennal China 2018 et à la 11e biennale Internationale d’estampe contemporaine de Trois-Rivières au Québec 2019.

Elle a présidé le jury de la triennale de gravure de Lódź (Pologne) en 2023.

Elle a également participé à de nombreuses expositions de groupe depuis 1984, notamment à Kanagawa au Japon, à Bruxelles (Parcours gravés de De Maarkte avec contribution à un portfolio collectif), à Anvers, Waterloo, Wavre, et Liège (année Simenon en 2003), à Bruxelles en 2004 (Cent ans de dessin des Instituts Saint-Luc), ainsi qu’en Egypte en 2005, à Ink Brussel 2019 Paysage écrit/ Ecriture peinte à Bruxelles avec des artistes chinois, à Graulhet (France) en 2022. Ou encore à Bruxelles avec un ensemble de graveurs issus de Saint-Luc et de l’Erg à Fraîches empreintes à Seed Factory en 2003, au See U en 2022 (80 exposants) et à l’Abbaye de Forest en 2023 (70 exposants).

Des expositions personnelles lui ont été consacrées à la galerie V.G.K. à Gand 1990, au Musée de l’outil et de reliure Le Creuset 1991, à la galerie Ephémère 1995, au parcours d’artistes de Saint Gilles 2008, à Espalion (France) en 2013, aux parcours d’artistes de Waterloo de 2013, 2015 et 2017, au Caméléon Coquet de Saint Gilles en 2014, à la galerie Réplique de Rodez en 2021.

Elle a édité un manuel et guide pratique de l’atelier de gravure taille douce en 2017.

ARTISTE

Hilde De Bodt, François Huon, Anne Valkenborgh

DATE

17/11 > 17/12/2023

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