Léon WUIDAR
Les œuvres présentées sont très récentes et plutôt de format moyen ou petit. Quelques-unes s’inscrivent dans une verticalité accentuée, format peu habituel dans son œuvre. Dans un carnet d’assez grande dimension, Léon Wuidar dessine au crayon des petites compositions (vignettes). Il en colorie certaines qui lui paraissent intéressantes et parmi celles-ci en retient l’une ou l’autre en vue d’un tableau à peindre. L’élection et sa concrétisation en tableau est donc le résultat d’une mise en place visualisée, pensée, organisée. La tonalité chromatique des œuvres présentées se développe plutôt dans une solide discrétion et une ferme douceur. Elle en accentue d’autant la grande sérénité de l’œuvre de Léon Wuidar si intimement liée à son environnement.
Une cloche similaire à celle des alpages vous permet d’annoncer votre arrivée. Le terrain escarpé et boisé, le bruissement du feuillage, l’herbe et ses fleurs laissées à leur liberté, suscitent un silence sans coercition, à l’instar de l’entrée dans un monastère. Une fois dans la double maison conçue par l’architecte Charles Vandenhove, s’en dégage par le silence, la lumière, l’ordonnancement, la qualité et la distribution des espaces, une atmosphère de travail, de concentration et de recueillement, d’ascèse et de maîtrise. Nul discours – ce dont Léon Wuidar est vraiment peu friand, hormis quelques évocations méthodologiques – n’est ni nécessaire ni bienvenu. Et il suffit en effet de regarder la toile pour en saisir la vitalité intérieure loin de toute futilité ou idée à traduire.
Des œuvres de Léon WUIDAR ont été présentées en avril dernier au WHITE CUBE à Londres.
Hilde De Bodt
Ou l’Histoire de Tarlatan… (*) qui commence il y a quelques années avec un petit bout de ce tissu utilisé en gravure pour encrer les plaques de zinc ou de cuivre. La structure géométrique et la texture assez raide de cette étoffe, contrairement à l’idée reçue, n’ est pas en carré mais en rectangle. Cette donnée intrigue Hilde De Bodt, et devient le point de départ d’une recherche visant à trouver « le plus-petit-carré-possible « dans la trame de cette étoffe ». L’analyse de la structure ou si l’on préfère du dessin du tissage, amène Hilde De Bodt à extraire ici un fil de chaîne, là un fil de trame. Un même acte dans un sens ou dans l’autre en donne deux résultats différents : la première « dessine » une fine ligne blanche dans le tissu ; la seconde épaissit la ligne. Une autre structure se construit.
Le travail bidimensionnel avec la tarlatane s’est développé ensuite à des structures géométriques présentes dans des supports /objets trouvés comme des cartons d’emballage. Dans un premier temps Hilde De Bodt recherche des codes intrinsèques et mathématiques inhérents à l’organisation des structures géométriques de ces cartons. Le travail se poursuit alors par l’élaboration de constructions en trois dimensions et la démultiplication des espaces, des angles de vue et donc des rythmes.
(*) « Histoire de Tarlatan ». Editions TANDEM, 2017
Franck SARFATI
Aux « oppositions » complémentaires que Franck Sarfati considère comme le moteur de son travail et de son enthousiasme, nous pouvons ajouter celle, apparente, du métier et de l’esprit. Une seule visite de l’atelier doublée d’une rencontre avec l’homme suffit pour s’en convaincre. Son élégante générosité de coeur met à l’aise, permet de voir à qui on l’on s’adresse et à quoi s’attendre. C’est que la clairvoyance et la détermination animent le travail et l’homme. Mais qu’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit en rien de l’exercice d’un pouvoir sans ouverture. Bien au contraire, la disponibilité de l’artiste est compatible avec un engagement tout de persévérance et d’exigence.
Depuis peu, Franck SARFATI a réfréné son métier de graphiste dans lequel il excellait pour se consacrer entièrement à la sculpture. « Je n’ai pas vu tant de travaux abstraits en porcelaine. Et puis j’aime l’antinomie entre sa fragilité et la puissance de sa forme. Le choc entre le chaos et la structure ». Telle est la synthèse de sa démarche. Telle est la force de chaque pièce. Si petite soit-elle, par extension des lignes « imparfaites » et du rapport des volumes internes, s’en dégage une monumentalité (la vraie) qui amplifie, telle une profonde respiration, la présence dans l’espace. Cette prouesse est d’autant plus forte que cette dilatation se produit uniquement par externalité, sans vide interne entre les éléments.
Mais la force par la sobriété ne suffit pas à l’expression de Franck SARFATI hautement concerné par sa conscience de la complexité du monde. L’accumulation de pièces constitutives d’une sorte de mégalopole traduit sa sensibilité tout à la fois intérieure et attentive à ce qui l’entoure.
ARTISTE
Léon WUIDAR – Hilde DE BODT – Franck SARFATI